Choc des savoirs - Acte 2, encore un acte de trop !
1.La réforme dite du "choc des savoirs", fait abstraction du nombre d'enseignants qui manque à années entières en France, depuis au moins une quinzaine d'années, empêchant que les savoirs soient dispensés à tous les jeunes inscrits dans les établissements scolaires de France (maternelle à terminale).
Les problèmes rencontrés par l'institution dans l'accomplissement de ses fonctions commencent peut-être là.
2.Cependant, le ministère de l'éducation nationale a déjà, et continument, enregistré des suppressions de postes ces dernières années (-2000 postes en 2022, -1500 postes en 2023) ; suppressions qui frappent pour l'essentiel les fonctions d'enseignement.
En continuant à supprimer les forces vives de l'Education Nationale que sont les enseignants, nous courons vers une impasse identique à celle à laquelle la santé est confrontée suite aux suppressions continues de lits dans les hôpitaux. Soit la méthode de la pénurie provoquée de toute pièce et orchestrée à marche forcée.
3.Sur certains territoires il est constaté des volontés de fermeture d'établissements (écoles, et maintenant, également des collèges), au prétexte d'un meilleur usage des moyens et du coûts inconsidérés de la préservation du maillage préexistant du territoire...La restructuration de "l'offre premier degré" continue à frapper dramatiquement notre espace rural, celle des collèges a de fortes probabilités de mettre à mal la mixité sociale dans les établissements et d'exposer des jeunes urbains à des trajets quotidiens propres à nuire à leur scolarité.
4.Sur tout le territoire français il se trouve des jeunes dont les familles sont, soit à la rue (2043 mineurs recensés dans cette situation à la rentrée 2024), soit logées sur des sites d'hébergement d'urgence (hôtels, centres d'accueil...). Comme l'exprime des jeunes confrontés à ces situations, "comment peut-on grandir dans un accueil d'urgence ?", ou encore "quand je suis à la rue, je ne me sens un enfant d'aucune valeur".
Comment, effectivement, des enfants qui sont privés d'un environnement serein peuvent-ils être en conditions favorable à quelque apprentissage.
5.L'évolution de la société révèle notre moindre capacité de concentration, d'une part, notre exposition à des actes de malveillances (harcèlement, cyber harcèlement), d'autre part ; faits qui frappent tout autant et encore plus durement notre jeunesse.
La paupérisation à l'oeuvre d'une proportion significative de la population française accélère en outre la détérioration des conditions de vie de nombre de jeunes.
6.Les établissements d'enseignements qui ont, pour leur essentiel, été conçus pour gérer du flux et non répondre à des performances en termes de qualités d'usage, engendrent également des souffrances (nuisances sonores) et des manques (insuffisance en sanitaires, tiers lieux (bureaux pour les enseignants, espaces pour que jeunes et personnels fassent une pause en toute quiétude...)...) qui nuisent à la diffusion des savoirs.
7.L'accueil des jeunes en situation de handicaps reste dans l'impasse, l'accompagnement des jeunes qui ont développé des difficultés d'apprentissage, en nombre de plus en plus élevé, l'est tout autant.
8.Le résultat est que la France, dont les gouvernements qui se sont succédés ces quatre dernières décennies ont eu l'ambition de conduire toute une tranche d'âge au BAC, n'est a priori plus capable de bien former sa jeunesse ; voir dernier rapport PISA, entre autres.
Alors même que le métier d'enseignant est déserté. Face à des conditions d'exercice de leur métier qui s'alourdissaient et se complexifiaient, le retour de la nation a été de dévaloriser leurs conditions de rémunération. Certains de nos responsables politiques s'autorisant même à se vautrer dans l'injure au peuple de France en insultant ses enseignants lors d'évènements mondains.
9.Dans un pays signataire de la convention des droits de l'homme et de celle des droits de l'enfant, et qui se voudrait encore éligible dans le cercle des grandes puissances mondiales, une telle indigence de soin de sa jeunesse a produit les effets dramatiques, pour partie énoncés plus haut, dont la force publique est la première responsable, et qui appellent d'autres "remèdes" que le choc des savoirs.
En l'état du contexte de moyens humains et matériels dans les établissement, conjugué au profil des jeunes accueillis dans les établissements et à l'évolution du contexte de société, les enseignants estiment qu'il importe de préserver l'hétérogénéité dans les classes (tant au niveau de la cohésion sociale que sur celui de la laïcité), et de réduite le nombre d'élèves par classe aux effectifs énoncés à suivre :
20 élèves par classe en collège et 24 en lycée,
14 élèves par classe en collège et 20 en lycée, en REP.
10.Actuellement, nos enseignants sont parmi les moins bien rémunérés des pays de l'OCDE. En collèges ils sont face à des classes souvent jusqu'à 30 élèves, et jusqu'à 35 en lycées. Ils assurent plus d'heures de cours que leurs homologues de pays voisins comme l'Allemagne.
11.La décision de ne plus permettre l'accès au lycée aux jeunes qui n'auraient pas obtenu le DNB ne résout aucun des problèmes majeurs auxquels le système d'éducation nationale et la société française sont confrontés.
D'autant qu'en l'état actuel du manque de clairvoyance et d'intérêt accordé à l'enseignement professionnel, les filières ne sont pas en capacités d'accueillir et de former vers d'autres voies que des BAC les jeunes qui n'auraient pas obtenu le DNB.
Dans le même temps, en ne formant pas correctement une majorité d'une tranche d'âge, la France se prive des moyens de son avenir à la table des grandes nations.