Intervention commune rassemblement du 17 octobre 2020 17h devant la Préfecture de la Sarthe

La déclaration qui suit est lue par la FSU, et soutenue par la CGT, Solidaires, l’UNSA, la FCPE, la Ligue des droits de l’homme, ...

Un crime majeur a été commis.

Cet assassinat n'a pas d'antécédent par la cible qu'il a touchée. Cet effroyable assassinat a été perpétré contre un professeur qui faisait son métier, c’est donc le cœur de l’école publique, laïque, qui a été visé. C’est le lieu de la transmission des savoirs, le lieu de la formation de l'esprit critique, le lieu de l'apprentissage de la liberté, de cette liberté qui ne se passe pas de celle des autres, comme le disait Hannah Arendt, le lieu de l'émancipation. Notre collègue faisait son travail. C'est parce qu'il travaillait à construire une pensée libre chez ses élèves qu'il a été assassiné. Ce professeur c'est nous. C'est le sens de ce rassemblement aujourd'hui. Il y en aura d'autres parce qu'au delà de l'émotion, ce crime impose une réflexion approfondie. Ce professeur c'est nous. C'est nous, qui sommes enseignants et enseignantes. Nous qui avons toutes et tous, quand on est professeur d'histoire en 4ème, conformément aux programmes, mis les élèves en situation de réfléchir. Ces dessins sont montrés dans ce contexte par nous toutes et tous. Ce collègue pourrait être nous, n'importe laquelle, n'importe lequel. Ce professeur c'est nous. C'est nous, qui sommes des citoyens et pour qui la démocratie c'est d'abord le dissensus, le désaccord possible, exprimé, et pas un unanimisme imposé. Ce professeur c'est nous. C'est nous qui sommes des militants et des militantes pour les droits de l'Homme Ce professeur c'est nous. C'est nous qui sommes des salariés, des retraités, des chômeurs, des précaires, qui militons syndicalement. Ce professeur c'est nous. Mais nous le savons bien, malgré l'émotion sincère qui nous gagne, nous savons bien que nous ne vivons pas ce que vivent ses proches. Nos pensées vont bien sûr à sa famille, à ses proches, qui vivent un cauchemar. On n'a pas les mots pour le dire. Nos pensées vont aux collègues du collège et des alentours. Nos pensées vont aux élèves, aux familles, directement impliquées, bouleversées, marquées à jamais. Est ce ainsi que les hommes vivent? Disait Aragon. Ce meurtre innommable montre comment notre société est en elle même devenue violente, ce qui est bien sûr aux antipodes de ce que nous défendons, nous qui sommes rassemblés ici. Ce que nous défendons c'est une société de coopération, de protection et d'attention aux plus faibles, une société de paix et d'intelligence collective. Nous nous élevons par avance contre toute tentative de récupération et d'instrumentalisation, de ce crime contre la liberté, contre l'école, contre notre collègue. Nous vous convions (si date et horaire apparaît d’ici la lecture : jour, heure, lieu pour un rassemblement qui ira au delà de l'émotion qui nous submerge aujourd'hui. Je vous propose pour terminer de respecter une minute de silence en hommage à Samuel Paty.